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Évolution et avenir de la demande en plaquettes forestières en Auvergne-Rhône-Alpes

Cofor AURA | 20 Février 2025

BOIS ÉNERGIE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Au cours des dernières années, la demande en bois énergie a connu une évolution significative en Auvergne-Rhône-Alpes. Les incitations financières ont permis de développer de manière importante les chaufferies bois collectives, qui représentent aujourd’hui 55 % des puissances bois installées et 50 % des consommations de bois déchiquetés dans la région. En 2023, équipements privés et publics confondus, ce sont plus de 1 600 chaufferies bois qui sont en fonctionnement, représentant une puissance bois de 1 275 MW et une consommation de 1 680 000 tonnes de bois (humidité considérée de 35 %). Bien que le nombre semble important, la plupart sont des petites chaufferies consommant peu de matière. En effet, 10 % des installations consomment 90 % du bois énergie. Les politiques publiques, notamment celles mises en place par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), sont en grande partie responsables de cette dynamique. La mise en place des Contrats de Chaleur Renouvelable a grandement favorisé l'essor des chaufferies à plaquettes forestières. Cet outil, qui finance l’animation et l’investissement, s’est avéré efficace. Cependant, cette dynamique ne se fait pas sans défis, notamment en ce qui concerne l'approvisionnement et la disponibilité de la ressource forestière, la concurrence avec le bois d'industrie et les incertitudes induites, la qualité environnementale de la gestion et de l’exploitation forestière, ainsi que le prix de marché du bois énergie qui reste dépendant de sa comparaison au gaz. Cet article fait le point sur tous ces défis et apporte également quelques informations concernant la pollution de l'air.

Un Gisement Très Varié

Déjà mentionné dans l’introduction, la demande en bois énergie a beaucoup augmenté ces dernières années, mais le bois énergie ne signifie pas forcément plaquette forestière ou granulé bois. En Auvergne-Rhône-Alpes, depuis plusieurs années, la valorisation des bois de récupération et déchets de scieries s’est bien structurée. En 2023, la part de plaquettes forestières dans l’approvisionnement global en bois de qualité énergie et industrie ne représente que 47 %. Les autres approvisionnements sont, par ordre d’importance, les connexes de scierie (21 %), du bois de classe B (14 %), le reste étant des bois SSD (Statut Sortie de Déchet), des FLDV écorce (Fraction Ligneuse des Déchets Verts) et de la plaquette bocagère. La production de bois énergie est très liée à celle du bois d’œuvre puisque, d’une part, les connexes de scieries prennent une part importante dans l’approvisionnement des chaufferies à plaquette, mais en plus, la sciure est utilisée pour produire les granulés (pellets). La production de bois d’œuvre engendre une part importante de déchets de bois. Seulement 50 à 55 % d’une grume peut être transformée en produits finis de bois de construction, le reste est du déchet, sans compter les volumes de bois de qualité énergie qui proviennent des opérations sylvicoles : dépressage, tailles, éclaircies, etc. Le bois énergie issu de la production de bois d’œuvre est considéré comme le plus pertinent. Ce gisement n’étant pas suffisant, il est nécessaire de continuer de développer le bois d’œuvre pour l’augmenter, puis de le compléter par des coupes de bois énergie.



Les Coupes Bois Énergie en Concurrence avec les Coupes de Bois d’Industrie

Les peuplements forestiers de qualité faible ne peuvent être valorisés qu’en bois énergie et/ou bois d’industrie. Nous pointons ici un problème. Il existe une très grande perméabilité entre les gisements de bois énergie et de bois d’industrie. Il peut y avoir de la tension sur la ressource lorsque la demande en bois d’industrie est très forte et que les demandes en bois énergie sont aussi élevées. Cette tension ne signifie pas pour autant que les volumes forestiers prélevables sont trop faibles. C’est juste la part de la ressource forestière qui est mobilisable facilement qui est atteinte. Le bois énergie et le bois d’industrie ont des prix d’achat peu élevés. Seules les forêts très accessibles et facilement exploitables sont exploitées dans ces qualités. La ressource forestière reste très importante, mais 56 % de la forêt d’Auvergne-Rhône-Alpes est difficile d’accès et est donc peu exploitée. Au contraire, lorsque l’industrie baisse ses approvisionnements, ce sont des volumes de bois considérables qui se retrouvent sur le marché du bois énergie. Le retour sur l’année 2024 correspond à ce cas de figure en Auvergne-Rhône-Alpes.

Une Ressource Abondante mais…

La ressource bois en Auvergne-Rhône-Alpes est très importante. En 2023, 720 000 m³ de plaquette forestière sont prélevés dans les forêts d’Auvergne-Rhône-Alpes, alors que la forêt produit potentiellement 15-16 millions de m³/an de bois qui ne sont prélevés qu’en partie pour des raisons d’inaccessibilité ou d’absence de marché. Avec une mortalité de 2,5 millions de m³/an et un prélèvement de près de 8 millions de m³/an tous produits confondus, il reste un potentiel de 4 millions de m³/an de bois potentiellement disponible sans pouvoir réellement évaluer la part accessible aux prix du marché. Au-delà de ces considérations économiques, le changement climatique impacte les forêts avec une augmentation des dépérissements liés aux sécheresses, tempêtes et ravageurs. La partie Savoie et Haute-Savoie est déjà fortement impactée par la crise scolytes. Les coupes sanitaires sont aussi un gisement valorisable en bois énergie. Cette hausse de la mortalité dans les peuplements engendre beaucoup de problèmes de gestion et d’exploitation forestière, puisque l’évacuation de ces bois, au moins en partie, devient un objectif. À ce titre, le bois énergie est une solution lorsqu’il n’y a pas de valorisation possible en bois d’œuvre.

Bilan Carbone et Niveau de Biodiversité

L’augmentation des dépérissements et les sécheresses successives qui fragilisent les forêts impactent directement l’accroissement forestier d’une part et la capacité des forêts à stocker du carbone, ce qui crée une incertitude. Cela ne signifie pas qu’il faille stopper la production de bois, mais ce sont des paramètres à prendre en compte par les forestiers dans leurs gestions. Le travail de développement des contrats d’approvisionnement en bois énergie que font les communes forestières va dans ce sens puisqu’ils se font toujours avec l’expertise de l’ONF qui prend en compte toutes ces données.

La biodiversité est aussi une question importante, notamment sur le lien entre coupe de bois et niveau de biodiversité. La question est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît ; de divers travaux de recherche sont en cours. Les communes forestières travaillent sur un projet européen nommé « DIVERSE » qui traite de ce sujet. Il s’agit de mieux intégrer la notion de préservation de la biodiversité dans les approvisionnements en bois énergie sans rajouter de surcoûts de production. D’autre part, les communes forestières ont participé à la réalisation d’un Plan d’Approvisionnement Territorial (PAT) en plaquette forestière sur la charte des Chambaran qui avait une composante « Biodiversité » très forte. Une carte de la maturité forestière a été réalisée par l’INRAE et des actions seront prochainement proposées sur certains secteurs clés. Ces notions de biodiversité et de résilience de la forêt sont essentielles au regard des services écosystémiques rendus par la forêt ; il est nécessaire de continuer à travailler sur ce sujet.

La Qualité de l’Air

La question de la pollution de l’air revient régulièrement de la part des élus. C’est pourquoi il est nécessaire de rappeler qu’effectivement, la combustion de matériaux bois émet des polluants. L’avantage des chaufferies bois collectives réside dans la gestion électronique du mélange air-combustible et température, mais aussi par le pilotage de ces installations par des professionnels, par un fonctionnement en puissance nominale, par l’utilisation de filtres et par l’emploi de combustible de qualité contrôlée. Toutes ces mesures permettent de rendre quasi négligeable l’émission de polluants alors que les chauffages individuels restent beaucoup moins performants. Ainsi, les chaufferies collectives peuvent être considérées comme une bonne solution limitant fortement la pollution atmosphérique.

L’Avenir

Les prix du bois restent très souvent déconnectés de la réalité. Différents travaux sont en cours pour notamment transformer l’indice CEEB (Centre de l’Étude de l’Économie du Bois), qui permet aujourd’hui de faire évoluer automatiquement les prix du combustible dans les marchés. Les incertitudes en termes de marché pour les producteurs restent compliquées avec la baisse de la demande en bois d’industrie et une saison de chauffe qui a commencé relativement tard. L’avenir devrait voir augmenter encore le besoin en bois énergie selon les prévisions inscrites dans les contrats de chaleur pour ensuite, peut-être, se stabiliser. À court-moyen terme, il devrait y avoir un besoin supplémentaire de 800 000 m³ de bois énergie dont une partie en plaquette forestière. Il est donc nécessaire de continuer à travailler à valoriser correctement la plaquette forestière et de prélever cette ressource dans de bonnes conditions environnementales.
LETTRE INFO

COFOR AURA | 2024
Lettre d'information n°28 - Communes forestières Auvergne-Rhône-Alpes

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